Petit aperçu historique Texte par Roudi Grob
Mise sur pied par l’Automobile Club Suisse, la toute première course de côte en Suisse se dispute le 13 octobre 1901 sur la « route » qui conduit de Télex à St-Cergue sur un tracé de 10 kilomètres avec des pentes de 10 à 14 degrés. L’épreuve est redoutable pour les véhicules de l’époque. A côté de 23 voitures, quatre motos participent à l’épreuve. La plus rapide d’entre elles effectuera la montée en 21’20 mn à la moyenne respectable de 27, 5 km/h. Il s’agit d’un engin construit par les frères Dufaux. Cette victoire aura un retentissement extraordinaire.
Le piquant de cette première course, c’est que plainte sera déposée contre quatorze participants pour excès de vitesse par les autorités vaudoise. Les contrevenants avaient dépassé la vitesse autorisée de douze km/h fixée par les règlements en vigueur dans le canton de Vaud.
Après cette première course et sa deuxième édition, le 8 octobre 1902, l’engouement est tel que les courses vont se multiplier. Kilomètre lancé d’Eaux-Mortes, courses de côte de Cologny, du Marachairuz, de Sonloup, de Gilly-Burtigny, de la Faucille, du Salève. La passion des courses va progressivement s’étendre avec un certain retard à la Suisse alémanique et au Tessin. Il s’agit pour les fabricants de tester leurs inventions. En ces premières décennies du siècle, on assiste, en effet, à un foisonnement incroyable de réalisations techniques, moteurs à soupapes en V, moteurs en étoile placés dans la roue… Tout ce qui pouvait solliciter l’imagination était réalisé avec évidemment plus ou moins de succès. La course Trélex – St Cergue, grâce à sa réputation, offre une tribune incomparable aux machines victorieuses, notamment en Suisse où les nombreux constructeurs se livrent à une concurrence acharnée.
Cependant, dans la population, alors que les tenants du progrès se passionnent pour les prouesses techniques et celles des pilotes, d’autres manifestent une opposition violente à l’envahissement des villes et des campagnes par des pétaradants et dangereux engins. Aussi, l’autorisation d’organiser une course dépend-elle des pressions qui s’exercent sur les pouvoirs publics ce qui explique une longue interruption de plusieurs années.
La montée sur St-Cergue peut reprendre en 1912. La course est désormais réservée aux motos ; l’assistance des pédales est réglementairement interdite. Le départ est donné à Nyon et non plus à Trélex. Le tracé est ainsi porté à 14.6 km. On note l’apparition des side-cars et… de quelques conductrices !
Curieusement, la course entre Nyon et St-Cergue n’est pas interrompue pendant la guerre 14-18. Au contraire, elle connaît un succès populaire sans précédent. En 1917, selon les chroniques, ce sont près de 20’000 spectateurs qui se pressent le long du parcours qui n’est toujours pas goudronné, pour voir Charles Lavanchy, sur sa Motosacoche établir un nouveau record en 12’21’’.
Malgré quelques interruptions, la course sera disputée jusqu’en 1934. Elle aura vu toutes les marques nationales, les Zendel, Motosacoche, Moto-Rêve, Moser, Condor s’affronter en une lutte fraticide, permettant à Motosacoche d’établir finalement une suprématie indiscutée. Elle aura aussi été l’occasion pour les plus grands pilotes, Alfter, Gex, Pélissier, Lavanchy, Rossi, Franconi, Carmine et plus tard Haenni, Cordey, Bizzozero ou encore Ceresole de se mesurer aux difficultées d’une côte réputée comme étant l’une des plus redoutables d’Europe.
Au moment où, définitivement cette foit, se disputera pour la dernière fois à Nyon St-Cergue en 1934, le record sera l’apanage de Georges Cordey, plusieurs fois Champion Suisse sur sa Norton 500, dans le temps extraordinaire de 8’50 soit près de 100 km/h de moyenne.